DAVID CRONENBERG : …Vous mettez vos peurs dans un film pour qu’elles ne soient pas dans votre vie. Je crois que j’ai dit ça. C’est simpliste; ce n’est pas si facile parce qu’il y a toujours, pour moi, un immense côté ludique dans la réalisation de chaque film et dans l’acte de création, même quand vous faites des trucs terribles, horribles, dépressifs, dangereux ou terrifiants. Cela implique beaucoup de jeux, un peu comme le font les enfants qui découvrent la vie en jouant à la poupée et au tas de sable.
Donc ce n’est pas simple... La chose mauvaise essentielle de votre vie, qui est votre mortalité et celle des gens que vous aimez, cela ne s’en ira pas. Vous n’allez pas l’encapsuler et la rendre sécuritaire en construisant cette membrane cinématique autour. Je suis bien conscient de cela, donc je ne pense pas que ce soit la façon de faire. C’est étrange, j’y pense comme quand on fait un film, ce qui en soi est un acte positif; si vous écrivez un livre, c’est un acte positif. Le fait d’avoir fait quelque chose est définitivement positif.