PIERS HANDLING : À votre avis, d’où vient votre athéisme? Est-ce lié à votre éducation ou vient-il de votre amour de jeunesse de la Science?
DAVID CRONENBERG : … les deux ne s’excluent pas nécessairement l’un l’autre. Je pense qu’il y a des grands scientifiques qui sont très religieux. J’ai même lu que des célébrités littéraires comme Samuel Johnson étaient en fait très religieuses… à ma grande consternation (rires). OK… je ne peux pas me comparer à ce type autant que je le pensais quand j’ai lu La vie de Johnson d’Oswald. Darwin. C’est encore un sujet sur lequel les gens disent, « Hum, Darwin… et si on parlait de Newton? » Parfois, en tant que scientifique, vous deviez être religieux; l’athéisme n’était pas une option à certaines époques de l’histoire.
NOAH COWAN : Ils sont quelque peu consternés par les conséquences de leurs pensées. Ils ont du mal à concilier les deux, surtout Darwin.
DAVID CRONENBERG : Ils passent un temps fou à essayer de concilier ce qu’ils découvrent. De Galilée à Copernic, quel que soit le sujet, avec la vision religieuse existante. Dans mon cas, je n’ai pas été élevé pour être un athée; mes parents n’étaient pas religieux, mais ils ne faisaient pas de prosélytisme. Je me rappelle bien ma mère disant très clairement « certaines personnes croient en Dieu, certaines personnes n’y croient pas ». Elle ne disait même pas « Je n’y crois pas », mais c’était évident qu’elle et mon père n’y croyaient pas. Si j’avais voulu… c’était comme « Veux-tu une Bar Mitzvah? ». C’est un truc qui va avec l’âge, mais c’est aussi un truc religieux. J’ai dit « non ». J’avais compris. Il aurait fallu que j’aille à « l’école juive » et que j’apprenne l’hébreu – non pas que ce soit mal d’apprendre l’hébreu – et j’ai dit, est-ce que c’est comme aller à l’école après l’école? Ma mère a dit « oui », et j’ai dit « non, je ne veux pas faire ça ». Donc je n’ai pas eu de Bar Mitzvah, je n’ai pas été Bar Mitzvah-é. Et je n’ai aucun désir de l’être. Vous voyez des hommes de 60 et 70 ans décider qu’ils devraient avoir une Bar Mitzvah après coup. Ça ne signifie rien pour moi, honnêtement. J’en comprends le sens historique, mais pour moi, personnellement, ça n’a aucune valeur émotionnelle ou intellectuelle. Je me sens presque comme métaboliquement impropre à la religion.