NARRATEUR : Studio 7, Pinewood Studios, Toronto, Canada.
Nous étudions le travail de 160 figurants réunis pour former un groupe de protestataires représentant aujourd'hui 99 % de la population, même si le tournage de cette scène a précédé le mouvement Occupy Wall Street de quatre mois. Leur mantra est une dérivation du Manifeste communiste.
MEMBRE DE L'ÉQUIPE : Silence s'il vous plaît!
WALTER GASPAROVIC : Une fois le tournage commencé, je vais vous dire de scander les slogans pour que vous preniez le rythme. Quand je crierai « Background Action », continuez à crier les slogans. Quand je crierai « Rat », commencez à mimer.
MEMBRE DE L'ÉQUIPE : Briques de poudre.
NARRATEUR : Il y a 160 ans, Karl Marx écrivait que le capitalisme atteindrait un jour une telle expansion que la société évoluerait trop vite pour ses habitants. Dans Cosmopolis, Eric Packer représente le 1 % de la population qui constitue la plus haute couche socioéconomique, celle qui contrôle les institutions financières et les entreprises qui façonnent le monde.
WALTER GASPAROVIC : Background action! [FOULE SCANDANT LES SLOGANS.]
NARRATEUR : Il fait cela de l'intérieur sécurisé d'une longue limousine blindée, insonorisée avec du liège pour bloquer le bruit des troubles sociaux à l'extérieur. Un tel véhicule n'existe que dans la fiction et la limousine modulaire du film n'est certes pas insonorisée. Les protestataires doivent murmurer pour ne pas nuire à la captation du dialogue.
VIJA KINSKY : Tu dois comprendre. Plus les idées sont visionnaires, plus les gens sont laissés de côté. C'est pour ça qu'il y a cette manifestation. Les visions de la technologie et de la richesse. La force du cybercapitalisme recentre les gens vers un dieu pour lequel ils veulent mourir.
WALTER GASPAROVIC : OK, faites tanguer l'auto plus violemment les gars!
[BRUIT DE LA VOITURE QUI TANGUE PLUS VIOLEMMENT]
VIJA KINSKY : Que se passerait-il s'ils savaient que le dirigeant de Packer Capital était dans la voiture?
[BRUIT DE LA VOITURE QUI TANGUE]
Nous savons ce que les anarchistes disaient toujours.
ERIC PACKER : Le désir de détruire est créatif.
VIJA KINSKY : C'est aussi le sceaude la pensée capitaliste. La destruction par la violence.
[BRUIT DE LA VOITURE QUI TANGUE]
[BAISSE DU BRUIT DE LA VOITURE QUI TANGUE ALORS QUE LA FOULE SE DISPERSE]
VIJA KINSKY : Détruire le passé, construire le futur.
DAVID CRONENBERG : Coupez! Très bon.
SAMANTHA MORTON : Oui!
MEMBRE DE L’ÉQUIPE : On coupe!
NARRATEUR : Walla.
Walla est l'effet sonore utilisé pour simuler le bourdonnement d'une foule en arrière-plan. Le mot a été créé pour la radio lorsqu'on avait besoin d'un bruit de fond d'ambiance. On s'est rendu compte que si plusieurs personnes répétaient simplement « Walla, walla, walla », ça sonnait comme si elles parlaient.
MICHAEL O'FARRELL : Ceci est important : « Un spectre hante le monde. » Encore une fois, une personne commence, les autres suivent graduellement. Laisse-les continuer pendant un certain temps. C'est comme un groupe d'émeutiers. C'est comme une grande ovation. « Hourra! » Laisse-la s'éteindre.
WALTER GASPAROVIC : D'accord. Il y a plusieurs choses dont nous avons besoin du côté des effets sonores. Je vais vous demander de hurler certains mots. « Anarchistes! »
[FOULE QUI CRIE]
[FOULE QUI CRIE PLUS FORT]
WALTER GASPAROVIC : Lorsque la vitre arrière de la voiture éclate. Prêt? Et...
[FOULE QUI CRIE « Oui »]
MICHAEL O'FARRELL : Qu'est-ce qu'il y a sur les affiches? Les pancartes?
WALTER GASPAROVIC : Je vais en apporter quelques-unes, les soulever dans les airs...
MICHAEL O'FARRELL : Parfait.
WALTER GASPAROVIC : ...et tu pourras les regarder.
LA FOULE : On veut la démocratie! On veut la démocratie!
Un spectre hante le monde! Un spectre hante le monde!
[BRUIT DE LA FOULE VA EN DIMINUANT]