Graphique d'un appareil de téléportation de La mouche

Transcription : Une méthode dangereuse : la cure cathartique

NARRATEUR : Au tournant du XXe siècle, Sigmund Freud et ses disciples découvraient l'importance pour une personne de parler de sa détresse psychologique comme façon de l'explorer. Cette technique avait comme objectif de situer et de libérer des émotions puissantes qui avaient été rejetées ou réprimées dans l'inconscient. Carl Jung a utilisé ce traitement avec l'une de ses patientes, Sabina Spielrein, se plaçant derrière elle pour qu'elle ne puisse pas voir son visage. Ceci était dans l'intérêt de la patiente, car elle ne pouvait pas interpréter les réactions du thérapeute comme des jugements. Cette technique est devenue connue sous le nom de « cure cathartique », qui est largement considérée comme la base de la psychanalyse.

SABINA SPIELREIN : La nuit dernière, ça a soudainement murmuré quelque chose à mon oreille. Je ne pouvais pas comprendre. Et... et ensuite...et ensuite... [QUITTANT SON PERSONNAGE :] Des tics? Voulez-vous que j'aie des tics?

DAVID CRONENBERG : Pourquoi pas?

KEIRA KNIGHTLEY : Pourquoi pas. [RETOURNANT À SON PERSONNAGE :] Au dernier jour de l'An, il a piqué une terrible colère, il a pris mon frère Isaac...et... et il l'a battu...il l'a battu devant tout le monde. Et ensuite, je... je...

CARL JUNG : Nous avons beaucoup parlé des crises de colère de votre père. Il arrivait, n'est-ce pas, que c'est vous qu'il battait?

[SABINA SPIELREIN EN MURMURANT:]

Oui. J'aimais ça.

CARL JUNG : Pourriez-vous répéter ça, s'il vous plaît? Je n'ai pas bien entendu.

SABINA SPIELREIN : J'aimais ça. Après un certain temps, il lui suffisait de me dire d'aller dans la petite pièce et je... commençais à mouiller.

DAVID CRONENBERG : Vous êtes visiblement...

KEIRA KNIGHTLEY : …mentale.

DAVID CRONENBERG : Ouais.

KEIRA KNIGHTLEY : Bien.

DAVID CRONENBERG : Bon, visiblement, vous ne pouvez pas quitter votre chaise. Alors, je pense que cette position est très bonne. Elle n'est pas traditionnelle. Je pense que les tics sont...Ce ne sont pas des tics, vous êtes en train de devenir une créature démoniaque.

KEIRA KNIGHTLEY : Une créature bizarre.

DAVID CRONENBERG : Oui. Et je dis allons-y.

KEIRA KNIGHTLEY : Diabolique.

DAVID CRONENBERG : Complètement.

KEIRA KNIGHTLEY : O.K.

DAVID CRONENBERG : Peter et moi devons trouver la prise de vue qui convient. Pour en soutirer le maximum.

PETER SUSCHITZKY : Je ne crois que nous puissions avoir un plus grand angle que ça. À cause du mur. Et, dernière question...la fenêtre.

DAVID CRONENBERG : Disons que c'est un écran vert.

PETER SUSCHITZKY : On ne la voit pas tout le temps.

DAVID CRONENBERG : Non.

PETER SUSCHITZKY : Nous la voyons de temps en temps.

DAVID CRONENBERG : Oui.

MICHAEL FASSBENDER : C'est un patient fou appuyé contre la fenêtre.

DAVID CRONENBERG : Donc, aimerais-tu mieux...

PETER SUSCHITZKY : Quelque chose comme ceci...

DAVID CRONENBERG : Oui.

KEIRA KNIGHTLEY : C'est ta femme. « Qu'est-ce que tu fais là? »

VOIX HORS-CAMÉRA : O.K., faites les derniers ajustements.

DAVID CRONENBERG : Nous avons deux questions...Est-ce mieux ce côté-ci ou celui-là? Les acteurs ne m'inquiètent pas du tout, manifestement. Et nous avons l'écran vert derrière elle en tout temps. L'argent qui sort. Regarde. Je pense aux expressions sur le visage de Keira. Tu peux mieux les capter de là.

PETER SUSCHITZKY : Oui, O.K.

DAVID CRONENBERG : On est prêt, Peter?

PETER SUSCHITZKY : Oui.

KEIRA KNIGHTLEY : Je me suis trompée, les tics ne devraient pas commencer à cet endroit-là. Ils doivent commencer juste avant « battu», parce que c'est le mot déclencheur.

DAVID CRONENBERG : Oui, je pense que tu as raison.

KEIRA KNIGHTLEY : Cool. [INAUDIBLE]

DAVID CRONENBERG : Bon, je pense qu'on devrait commencer, Michael, avec le...« Étiez-vous nue? », parce que ça te permet d'entrer dans le sujet.

KEIRA KNIGHTLEY : Ce serait parfait.

MEMBRE DE L’ÉQUIPE: Très bien, silence tout le monde, s'il vous plaît.

KEIRA KNIGHTLEY : Mes mains étaient en l'air, n'est-ce pas? Est-ce que mes mains étaient en l'air?

MEMBRE DE L’ÉQUIPE: Oui. Près de votre bouche.

KEIRA KNIGHTLEY : Oh, près de ma bouche.

MEMBRE DE L’ÉQUIPE : Oui.

KEIRA KNIGHTLEY : O.K.

MEMBRE DE L’ÉQUIPE : On y va. Et...Son, s'il vous plaît.

MEMBRE DE L’ÉQUIPE : C'est parti!

MEMBRE DE L’ÉQUIPE : Quarante-quatre, prise 1, scène 419.

MEMBRE DE L’ÉQUIPE : Prêt?

DAVID CRONENBERG : Action.

CARL JUNG : Étiez-vous nue?

SABINA SPIELREIN : Oui.

CARL JUNG : Vous vous masturbiez?

SABINA SPIELREIN : Oui. Au dernier jour de l'An, il a piqué une terrible colère, personne ne comprenait pourquoi. Il a pris mon frère Isaac et [TRÈS PÉNIBLEMENT] et il l'a battu devant tout le monde et...

DAVID CRONENBERG : Coupez. Formidable.

KEIRA KNIGHTLEY : Vraiment?

DAVID CRONENBERG : Oui, je n'ai rien à redire.

KEIRA KNIGHTLEY : Plus doucement?

DAVID CRONENBERG : Je ne pense pas.

KEIRA KNIGHTLEY : Je ne pense pas que tu en sois capable, n'est-ce pas?

DAVID CRONENBERG : C'est une chose d'avoir un patient qui parle dans un état relativement calme, mais lorsque tu as quelqu'un dont les distorsions faciales et les gestes et tout le reste sont véritablement une part importante de son expression, c'est assez bizarre de dire « Ouais, je vais me tenir derrière toi et je ne te regarderai pas. »

KEIRA KNIGHTLY : Ouais.

DAVID CRONENBERG : « Parce que je ne veux pas que tu me remarques. » Mais c'est curieux.

KEIRA KNIGHTLEY : Oui, c'est bizarre.

DAVID CRONENBERG : Et c'est réellement ce qui est montré ici, je pense, d'une manière formidable et intéressante, non?

MICHAEL FASSBENDER : Je pensais justement à ça, comment cette sorte de... à quel point elle s'exprime elle-même physiquement.

DAVID CRONENBERG : Ouais!

MICHAEL FASSBENDER : C'en est une composante majeure.

DAVID CRONENBERG : C'est pour ça que je veux une prise de vue d'ici, parce que tu en vois une partie. Fondamentalement, je veux voir le point de vue que tu as d'elle. Oui. Je pense réellement que là où est Michael...là où il est assis constitue le meilleur angle.

MICHAEL FASSBENDER : Voulez-vous que je m'occupe de la caméra?

PETER SUSCHITZKY : Oh! oui, s'il te plaît. [RIRES]

MICHAEL FASSBENDER : Parfait.

DAVID CRONENBERG : Action.

CARL JUNG : Cette première fois, comment vous sentiez-vous devant ce qui arrivait?

Pourriez-vous répéter, s'il vous plaît? Je n'ai pas bien entendu.

SABINA SPIELREIN : J'ai aimé ça. Ça m'excitait. [TOUT BAS :] Il n'y a aucun espoir pour moi. Je suis abominable…et…dégoûtante et... corrompue. Je dois... Il ne faut jamais me laisser sortir d'ici.

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  • Dessin d'une séance de thérapie entre Jung et Spielrein.
  • Écran partagé montrant Michael Fassbender et Keira Knightley répétant une scène.
  • David Cronenberg et Keira Knightley sur le plateau d'Une méthode dangereuse.
  • David Cronenberg et Michael Fassbender sur le plateau d'Une méthode dangereuse.
Dessin d'une séance de thérapie entre Jung et Spielrein.© Recorded Picture Company, 2011
UNE METHODE DANGEREUSE paraît ici avec l'autorisation de Prospero Pictures, Entertainment One et Sony Pictures Classics
Écran partagé montrant Michael Fassbender et Keira Knightley répétant une scène.© Recorded Picture Company, 2011
UNE METHODE DANGEREUSE paraît ici avec l'autorisation de Prospero Pictures, Entertainment One et Sony Pictures Classics<
David Cronenberg et Keira Knightley sur le plateau d'Une méthode dangereuse.© Recorded Picture Company, 2011
UNE METHODE DANGEREUSE paraît ici avec l'autorisation de Prospero Pictures, Entertainment One et Sony Pictures Classics<
David Cronenberg et Michael Fassbender sur le plateau d'Une méthode dangereuse.© Recorded Picture Company, 2011
UNE METHODE DANGEREUSE paraît ici avec l'autorisation de Prospero Pictures, Entertainment One et Sony Pictures Classics<