NARRATEUR : Selon Sigmund Freud, nous sommes tous empêchés d'atteindre notre plein potentiel à cause des peurs négatives, des aversions et des rancunes réprimées dans notre inconscient. Cette théorie a intéressé Carl Jung. Il a conçu une méthode qui utilise la conduction cutanée pour fournir une base scientifique aux idées de Freud. Dans son livre intitulé Études sur l'analyse du mot, Jung présente sa technique qui consiste à lire une liste prédéterminée de mots au patient, dont les mains sont reliées par des électrodes à un psychogalvanomètre, appareil qui détecte les changements dans la résistance électrique de la peau en réaction à l'état émotionnel du patient.
DAVID CRONENBERG : Tu joueras Emma. [RIRES]
Je sais que tu peux le faire.
NARRATEUR : Jung a utilisé le galvanomètre comme outil pour sonder les émotions inconscientes. Si un mot était chargé d'émotivité, les changements dans la résistance de la peau se reflétaient dans le galvanomètre.
STEFAN ISFORT : Vous commencez l'expérience en poussant ceci.
DAVID CRONENBERG : Ah! D'accord. Donc il se met en marche quand on pousse ça. Très bien.
STEFAN ISFORT : Ça tourne.
DAVID CRONENBERG : C'est donc seulement le crayon qui touche le tambour, littéralement?
STEFAN ISFORT : Nous improvisons seulement pour ceci...
DAVID CRONENBERG : Qu'est-ce qui serait utilisé normalement...
STEFAN ISFORT : Une sorte de papier recouvert...
DAVID CRONENBERG : De cire ou quelque chose comme ça?
STEFAN ISFORT : De la cire, oui, et ça graverait...
DAVID CRONENBERG : Oh! Donc ce serait gravé?
STEFAN ISFORT : Gravé par une aiguille qui serait placée ici.
DAVID CRONENBERG : Ah!
STEFAN ISFORT : Je ne sais pas comment faire. Je vais y travailler.
DAVID CRONENBERG : Ce serait bien si tu y arrivais.
STEFAN ISFORT : Tu veux que ce soit en noir?
DAVID CRONENBERG : Ce serait très intéressant si tu pouvais trouver une façon d'avoir une aiguille qui grave le papier.
STEFAN ISFORT : Oui.
DAVID CRONENBERG : Et cette cordelette, est-ce qu'elle pourrait être...
STEFAN ISFORT : Plus solide?
DAVID CRONENBERG : Elle ne fait pas très Burghölzli.
NARRATEUR : Stefan dispose de deux semaines pour rendre le galvanomètre à la fois prêt pour la caméra et pleinement opérationnel afin que les acteurs apprennent comment l'utiliser.
STEFAN ISFORT : Il y a un courant électrique qui passe dans le corps et qui transmet les réactions à cette petite ampoule, ici, qui projette un rayon sur ce miroir qui le renvoie là-bas. Vous voyez cette petite chose? Et votre réaction fait bouger ce miroir.
DAVID CRONENBERG : Bouger ceci en suivant le déplacement du rayon lumineux, ce qui en retour grave le papier sur le tambour des réacteurs. [LE GALVANOMÈTRE TOURNE] Et c'est tout. C'est comme une machine de Rube Goldberg. C'était vraiment comme un détecteur de mensonge.
MICHAEL FASSBENDER : Oui.
DAVID CRONENBERG : Et je pense qu’ils appellent ça une réponse galvanique de la peau qui mesure le courant électrique envoyé aux mains.
Cependant, nous ne ferons pas ça ici, parce que si vous vous assoyez ici et regardez les deux personnes qui opèrent l’appareil, c’est-à-dire vous deux, cela va influencer vos réactions. Et je me suis rendu compte que c’est exactement le modèle utilisé par Freud et, par conséquent, je veux que vous leur tourniez le dos de sorte que vous ne puissiez pas les voir. Vous échangeriez des regards qui, voyez-vous, pourraient...Il peut donc se produire des choses lorsque vous ne les voyez pas. Donc, plutôt de tous vous asseoir autour de la table, je vais vous installer comme ça.
Ce n’est pas nécessairement dans cet ordre que je veux filmer, mais : gros plan sur les mains de Sarah qui se posent sur les coussinets, puis gros plan sur les sacs qu’on dépose sur ses mains pour les maintenir en position, gros plan sur Viggo qui met la machine en marche, qui commence à tourner...
MICHAEL FASSBENDER : Ah! Alors voici la...
DAVID CRONENBERG : Oui.
DAVID CRONENBERG : C’est très statique. C’est tout un bidule. Et je pense que...C’est quoi ça?
STEFAN ISFORT : C’est l’interrupteur pour allumer l’ampoule.
DAVID CRONENBERG : Ah, O.K.
MICHAEL FASSBENDER : Et, est-ce que j’écris en allemand?
DAVID CRONENBERG : Oui. Tous les écrits dans ce film sont en allemand.
MICHAEL FASSBENDER : O.K.
DAVID CRONENBERG : Toutes les lettres sont en allemand, tout est en allemand. C’est ainsi.
MICHAEL FASSBENDER : O.K.
DAVID CRONENBERG : Et bien sûr, tu vas reproduire fidèlement l’écriture de Jung.
MICHAEL FASSBENDER : Ah, oui. Je m’en suis déjà occupé.
DAVID CRONENBERG : Je sais que ça ne te posera aucun problème. Ensuite, avec Keira, tu...
KEIRA KNIGHTLEY : Je fais glisser le truc.
DAVID CRONENBERG : Exact. O.K.?
KEIRA KNIGHTLEY : Cool.
DAVID CRONENBERG : Allons-y.
CARL JUNG : Enfant.
EMMA JUNG : Bientôt.
CARL JUNG : Divorce.
EMMA JUNG : Non.
DAVID CRONENBERG : Coupez!
KEIRA KNIGHTLEY : Je pense que nous ne devons jamais nous regarder, excepté ici.
DAVID CRONENBERG : Pardon. Qu’est-ce que tu dis?
KEIRA KNIGHTLEY : Je pense que je ne dois jamais les regarder, excepté ici. Je pense...
DAVID CRONENBERG : C’est plus avantageux.
KEIRA KNIGHTLEY : Je suis concentrée, je veux faire ça parfaitement.
DAVID CRONENBERG : Oui, oui.
KEIRA KNIGHTLEY : C’est comme, complètement là.
DAVID CRONENBERG : Oui, je pense que tu as raison.
KEIRA KNIGHTLEY : Mais je dois reconnaître le fait qu’ils sont mariés. Donc, peut-être quand elle dit : « Comment ça a été? », je pourrais lui jeter un regard. Mais autrement, je...
DAVID CRONENBERG : À elle?
KEIRA KNIGHTLEY : Oui.
DAVID CRONENBERG : Action!
CARL JUNG : Divorce.
EMMA JUNG : Non. … C’est tout?
CARL JUNG : C’est tout.
EMMA JUNG : Comment ça a été?
CARL JUNG : Parfaitement. Au revoir.
DAVID CRONENBERG : Coupez! Et c’était magnifique!
MEMBRE DE L’ÉQUIPE : On met en boîte, s’il vous plaît.
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© Recorded Picture Company, 2011
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