Graphique d'un lézard à deux têtes d'eXistenZ

Transcription : Une méthode dangereuse : recherche

CHRISTOPHER HAMPTON : Il fait énormément de recherches. Et il avait vraiment entrepris un type de recherche différent. Par exemple, je sais qu’il a regardé un film sur des patients hystériques, à l’époque, un film muet très ancien. Keira l’a fait aussi – pour cette partie précoce du film, où les symptômes sont montrés bien plus clairement que ce que nous avions essayé sur le plateau. Donc c’était une voie très fructueuse et intéressante.

Bien sûr Viggo Mortensen est réputé pour son sérieux en tant que chercheur. Quand je suis arrivé en Allemagne, quand ils commençaient... vous savez, ils avaient déjà commencé le tournage, mais je suis arrivé en Allemagne à peu près en même temps que Viggo.

Et j’ai découvert qu’il avait été dans des tas de bouquinistes d’occasion à Vienne, parce qu’il avait fait une liste des livres que Freud –qui étaient importants pour Freud et il savait que les Nazis –Freud avait dû fuir Vienne en 1938 et les Nazis avaient saisi sa bibliothèque. Donc il s’est dit que bon nombre de ses livres pouvaient fort bien avoir atterri chez des bouquinistes d’occasion. Donc il a acheté des tas de livres, qu'il a apportés pour les mettre dans le décor, qui étaient dans le décor dans le film.

VIGGO MORTENSEN : (RIRES) J’étais en train d’imaginer leurs têtes. J’ai juste des moments me passaient à l’esprit où j’arrive avec des choses étranges, « Peut-être qu’on pourrait utiliser ces choses dans la chambre de Sabina? » Ou, « J’ai trouvé ce livre... »

Non mais, c’est super, David a une équipe merveilleuse, vous savez. Ce noyau que vous avez mentionné, vous savez, que ce soit Carol ou Ron ou Peter Suschitzky et vous savez, tant d’autres. Ils sont animés d’un même esprit. Je veux dire, David a sciemment assemblé un groupe de gens qui pensent comme lui et, je pense, qui pensent comme moi, aussi. Aucune recherche n’est trop. Il n’existe pas trop de questions, vous savez. C’est une équipe formidable avec laquelle travailler. Je veux dire, que je n’ai jamais travaillé avec une équipe aussi compétente, et aussi en accord sur la façon de tirer le plus grand parti de l’opportunité à dire une histoire particulière, vous savez.

Je riais parce que je pensais justement à certaines des choses que je leur ai apportées qui n’étaient pas vraiment pertinentes! (RIRES) Je ne sais pas. Mais beaucoup étaient pertinentes, je pense. On s’amuse bien ensemble.

Avec quelqu’un comme Sigmund Freud, Il y a beaucoup de matériaux disponibles qui décrivent la façon dont il parlait, sa condition physique, son timbre de voix, son sens de l’humour – ce sont des choses que j’ignorais pour la plupart jusqu’à ce que je commence à faire la recherche. La façon dont il interagissait socialement avec sa famille et avec les autres, à quel point il aimait la compagnie – ce qui m’a surpris. D’une certaine façon, c’est comme de commencer à connaître David, il y a certaines similarités là, je dois dire. Sigmund Freud – oh, il doit être très sérieux, très intense, quelqu’un de savant. Et puis vous commencez à le connaître. Tout comme vous commencez à connaître David, et vous réalisez, « Oh, ils sont plutôt farceurs, de temps en temps, ils ont un sens de l’humour » – très caustique peut-être, mais c’est là. Je pense qu’ils ont aussi en commun...dans leur sens de l’humour, que, si vous ne comprenez pas la blague, ça n’a pas d’importance, il ne va pas vous le faire remarquer, il va passer à autre chose. Il se peut que vous ne le saisissiez jamais. Mais si vous le connaissez et que vous le saisissez, vous vous amusez vraiment de sa subtilité. Et je pense que c’était vrai de Freud.

C’était juste amusant. C’est vraiment amusant de travailler avec quelqu'un qui pense comme ça. Vous savez, on avait encore moins besoin de disséquer les choses sur le plateau. On pouvait juste se mettre au travail. Il m’a particulièrement aidé parce qu’il en savait déjà beaucoup sur Sigmund Freud pour commencer, probablement avant même d’avoir l’idée de faire le film. Je veux dire, c’était très amusant, de partager toutes sortes de références et de recherches qu’on faisait séparément. Les trucs sur Freud et le monde dans lequel il vivait. Le climat social et politique en Europe à l’époque, au début du 20e siècle. Sur Jung, sur tout. Tous les autres scientifiques, artistes, politiciens, la littérature, la musique...C’est très amusant.

Je veux dire, toujours –que le réalisateur soit enclin à creuser aussi profondément que moi ou non – pour moi, à titre personnel, la préparation pour un film – que ce soit avec David Cronenberg ou n’importe qui d’autre – est toujours une source d’inspiration et de joie, pour moi parce que ça...je veux dire que ça ne peut pas être mauvais si c’est ce qui vous intéresse. C’est plaisant de faire ce travail, cette préparation.