Graphique d'un lézard à deux têtes d'eXistenZ

Transcription : Scanners : une tête explosive

STEPHAN DUPUIS : La fameuse tête qui explose, pour laquelle on a essayé différents modèles. On en avait une en plâtre, si je me rappelle bien. On en avait une en cire, et on en avait une en gélatine.

RON SANDERS : C’était une tête façonnée à la Louis Del Grande. Parce que vous pouvez le voir, juste avant qu’on...juste avant qu’elle explose, vous pouvez le voir. Ça brille un peu, mais après il faut le vendre au montage.

MARK IRWIN : Ils ont rempli la tête avec des macaronis coquilles et du vermicelle et du sang. C’était super. Mais ils ne pouvaient pas. On a fait des tests et chaque fois qu’on mettait un pétard dedans, on voyait l’étincelle.

STEPHAN DUPUIS : Quand elle explosait avec les explosifs, il y avait une grosse quantité de fumée. Ça avait plutôt l’air de l’Étoile noire que d’une tête humaine explosant.

RON SANDERS : On a fait des tas et des tas d’essais. Probablement, celui où elle s’est pratiquement vaporisée aurait été le plus réel, mais le résultat n’était pas très bon.

MARK IRWIN : On se demandait quoi faire. Gary Zeller était le coordonnateur des effets spéciaux.

STEPHAN DUPUIS : On était dans ce grand entrepôt. Gary s’est couché par terre avec un fusil de chasse.

MARK IRWIN : Il s’est faufilé sous la chaise sur laquelle était le mannequin, a mis le fusil à double canon derrière sa tête.

STEPHAN DUPUIS : Quand il l’a pointé vers l’arrière de la tête, on est tous parti se mettre à l’abri, sauf les gars de la caméra. Et il a tiré. Et c’était...C’était fantastique. C’est comme...l'image était impressionnante.

On voit les dents, les yeux qui fusent, et tout ça. Tout parfaitement détaillé, (rires) et voilà!

MARK IRWIN : Mais ironiquement, Pierre David, qui connaissait bien la culture américaine ainsi que la sorte de version NC-17. En fait, à cette époque, c’était un X. Il s’est levé au milieu des rushes et a dit,

« C’est parfait. On est foutu. On va avoir un X. Il faut refaire la prise. »

Tout le monde était...« Quoi? Non, non, non. »

Et la semaine suivante on a remis ça. Et ce mannequin. On avait trois mannequins, si je me rappelle bien, tous faits par l’équipe canadienne française, et Pierre était sur leurs dos. « Faites ceci, faites cela, ... » (grognements)

Et...Bon alors, rebelote. Les caméras tournent, tout le monde va se cacher dans les camions. Gary prend son fusil et tire. La première tête est en plâtre compacté. Comme si une tête en marbre avait explosée.

« OK, oh, c’est dommage. On la refait. Désolé, ça n’a pas marché. Essayons la seconde. » Et là, même chose : click, explosion, remplie de gelée de menthe, de la gelée vert vif volant dans tous les sens. (rires)

« Oh, je ne sais pas ce qui s’est passé là. On recommence. On en a encore une! »

Et la troisième est remplie de confettis. (son d’explosion) Ce qu’ils essayaient de dire à Pierre, sans subtilités, c’était, « On ne va pas la refaire. On l’a eue parfaitement. » Et c’est celle qui est dans le film. Elle n’a pas eu de X.

RON SANDERS : Ce n’était pas difficile de choisir la bonne, mais c’était un exploit. Et, vous savez, on choisi celle...Si vous regardez la prise au ralenti, elle est absolument incroyable. La tête, le visage semble s’abattre comme un volet. Et les trucs sortent. C’est vraiment...J’en ai gardé les quatorze images sur mon babillard de montage pendant des années. Je ne sais pas ce que c'est devenu, j’aimerais l’avoir encore. Il va falloir que je trouve un vieux tirage quelque part et que je découpe ces images...Je me rappelle qu’il y avait quatorze images du début à la fin. Superbes quatorze images.